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Sa hargne et sa
détermination sont
légendaires, on ne l’embête
pas, elle sera surnommée :
« La Tigresse des corons ».
veut la peau. Lorsque se profilent les Jeux de
1992, elle a acquis énormément d’expérience,
mais elle continue à travailler malgré cette
certitude d’avoir le monde à ses pieds.
La valeur sûre de la catégorie des moins de
48 kilos va devoir affronter les valeurs mon-
tantes avec la ferme intention de conserver
son trône. Aux Jeux, elle sera souveraine et
survolera l’événement avec une grande maî-
trise. En poule, l’Argentine Carolina Mariani, sa
première opposante ne se présente pas. Elle
rencontre alors la Turque Hülya Senyurt, une
fille solide qu’elle bat par ippon. Elle enchaîne
avec l’Italienne Giovanna Tortora qui dispute
le match de sa vie. Cécile contrôle la situation
jusqu’au moment où la Transalpine se blesse à
un genou et abandonne. En finale de tableau,
elle affronte l’Algérienne Salima Souakri, un
beau gabarit. La Française, après avoir bala-
dé un peu son adversaire, engage un o goshi,
transformé en cours de projection en uchi-ma-
ta et se qualifie pour la finale grâce à un magni-
fique ippon. La question était de savoir qui allait Elle perd sur décision, battue par l’Espagnole
se dresser devant elle? La deuxième finale de
tableau opposait la Britannique Karen Briggs à
la Japonaise Ryoko Tamura. Briggs bousculée
par la jeunesse de Tamura, se blessa et alla
jusqu’à la disqualification. Cécile disputerait
sa finale contre la Japonaise, de neuf ans sa
cadette, et que certains s’accordent à donner
favorite. Dès le début du combat, regard clair
et sévère, féline, elle exerce son emprise sur
sa rivale, elle la sent moins « saignante » et
elle impose sa technique, son physique et son
mental. Elle marque un premier koka sur ra-
massement de jambe puis impose sa garde.
Tamura gesticule et tente d’imposer son style,
mais Cécile contrôle parfaitement les velléi-
tés de la Japonaise. Sur un morote-gari, elle
marque un second koka et s’acharne à vaincre
l’énergie déployée par Tamura.
En voyant s’égrener les ultimes secondes, elle
décompte dans sa tête : cinq, quatre, trois,
deux, un. Le signal sonore synonyme de la fin
du combat la libère. Elle savoure cet instant
merveilleux. Autour d’elle c’est l’effervescence.
Sa maman, descendue des tribunes, lui tombe
dans les bras et l’embrasse. Elle est acclamée
par le staff français et par ses amis. Lors de la
Cécile Nowak et coach Pierre Beaury (à droite), accompagnés de Christian Prénom, président du club de
Saint-Amand-les-Eaux. (Photo Judo club du Parc.)
cérémonie de remise des médailles, quand La 2000 et l’équipe de France senior en 2001. En SPORTS RÉGION HAUTS DE FRANCE
Marseillaise est jouée, quelques larmes glissent 2004, en désaccord avec la politique fédérale
sur ses joues pour ajouter à l’émotion. Son en matière de fonctionnement, elle claque la
succès est salué avec beaucoup de respect, porte. Elle s’occupe alors du pôle espoir de
car sa victoire apportait à la France la première Wasquehal. Elle est aujourd’hui responsable
médaille féminine de judo. Elle déclara alors : du secteur interrégional Nord- Est. Depuis la
« Je n’ai disputé que quatre combats, mais championne est devenue maman. Elle a mon-
l’enjeu, la pression, l’ambiance font des Jeux tré qu’elle avait la fibre maternelle. Copié-collé
une compétition hors du commun. » Après de la championne, la mère-poule transmet à
les Jeux, elle nous dévoile ses nouvelles Nicola et Enzo les valeurs éducatives qu’elle a
inspirations et le regard tendre qu’elle porte reçues. Ils voulaient faire de la boxe, mais les
vers la famille. Elle se lance d’abord un parents s’y sont opposés, ils font du football…
nouveau défi en changeant de catégorie. Elle pendant que papa gère son entreprise.
monte en moins de 52 kilos et change de club
en se licenciant au PSG Alliance 97. En 1993, La grande dame du judo français reste un per-
elle est sacrée championne de France, gagne sonnage envoûtant d’une fraîcheur insolente et
le tournoi de Paris et termine deuxième des d’une beauté inouïe.
championnats d’Europe où elle connaît une
énorme déception. Jean-Pierre GUILBERT
jeanpierreguilbert1@hotmail.com
Almudena Munoz, alors qu’elle a mené tout le Extrait du livre « JEUX en Nord-Pas-de-Calais,
combat. Elle réalise sa dernière performance Histoire des médaillés olympiques ».
aux championnats du monde à Hamilton (Ca- Édition Les Lumières de Lille, 2016.
nada) où elle monte sur la troisième marche du
podium devancée par la Cubaine Legna Verde-
cia et la même Espagnole. Elle fait alors le deuil
de sa carrière et fonde une famille. En 1994,
elle épouse Aldo Grasso, ex-boxeur, champion
de France amateurs des poids moyens en
1989. Habitante de Pontault-Combault (Seine-
et-Marne), elle embrasse une carrière politique
et devient adjointe au maire, chargée de la com-
munication, poste qu’elle occupera pendant
pratiquement deux mandats. La parenthèse
terminée, en 1997, elle revient au judo pour
entraîner le pôle France de Brétigny-sur-Orge
(Essonne) puis l’équipe de France junior en
Sports Région Hauts de France n°19 ►45