Page 14 - SRHDF17bd
P. 14
SPORTS RÉGION HAUTS DE FRANCE REGARD SUR ...
UN, DEUX, TROIS… SOLEIL !
Lutte libre :
Charles Pacôme
trois participations
aux Jeux; la
dernière fut la
bonne !
La Région des Hauts de France peut titre olympique aux Jeux de Berlin (1936). plus fort du monde ». Le 1er entamera une
s’enorgueillir d’un champion olympique « C’était sans compter sur l’attitude de ses carrière de music-hall à partir d’exercices
d’exception ! Charles Pacôme (1903/1978), un pairs : si la corporation des avoués s’honorait de force ; le second deviendra catcheur puis
homme d’exception pour avoir participé à trois d’avoir parmi elle un champion olympique, elle promoteur de spectacles comme le sera
olympiades, gagné deux médailles, dont une n’appréciait que modérément la médiatisation Henri Deglane. Haltérophilie et lutte, deux
en or, et su conjuguer trois passions : la lutte, dont il faisait l’objet, ainsi que le possible disciplines cousines qui évoluent vers la
le travail, la musique. mélanges des genres. Poliment, mais spectacularisation et le professionnalisme.
fermement, les autorités de la profession Charles Pacôme n’est « pas de ceux-là ».
Un « sacré bonhomme » ! s’opposèrent donc à ce que Maître Pacôme ne Certes, des raisons objectives contribuent à un
tente de reconquérir son titre » 1. La déception tel démarquage. Son activité professionnelle
Un sacré lutteur : 17 fois champion de France, dut être d’autant plus amère que le titre fut y est pour beaucoup : il n’a pas besoin
8 fois champion d’Europe et même champion remporté par Karpati, qu’il avait battu en d’argent… L’explication est aussi ailleurs : il
de Turquie toute catégorie (1923). Un lutteur finale à Los Angeles ! se singularise pour son dévouement sportif.
sacré aux Jeux de Los Angeles (1932), mais Un sacré musicien : en même temps que Ainsi, il devient entraîneur de plusieurs clubs,
qui avait été sévèrement sanctionné dans les ses études de droit, il entreprend des études leur apporte son concours (arbitrage), assume
éditions olympiques précédentes. Ainsi, aux de musique jusqu’à obtenir le 1er prix de violon des fonctions de président du Club de Lutte
Jeux de Paris (1924) il prit le meilleur sur le du conservatoire de Lille ! Le violon, mais Lillois (à la suite de son père), de président de
Finlandais Eino Leino, champion olympique en aussi la trompette. Jeune homme, au temps la section du Nord de la Fédération Française
titre, mais doit abandonner à la suite d’une du cinéma muet, il accompagne les séances
blessure. Aux Jeux d’Amsterdam (1928), il au sein d’orchestres lillois. Il se produit pour
rencontre en finale l’Estonien Osvald Kapp Radio-PTT-Nord dans l’entre-deux-guerres.
qui remporte le titre suprême à la suite d’une Musicien émérite, Charles Pacôme était le
décision particulièrement contestée. « La dure président du Cercle symphonique d’Avesnes.
loi du sport » direz-vous… L’ironie du sort,
c’est que quatre ans plus tard à Los Angeles Un « sacré bonhomme » mais un
(1932) notre champion rencontre ce même « homme… singulier » !
Kapp au 1er tour ; un match revanche ou vécu
comme tel et… gagné ! On connaît la suite… Un homme singulier dans son rapport
Un sacré « bosseur ». Parallèlement à sa à la lutte. À cette époque, la lutte ne se
carrière sportive, il poursuit des études de porte « pas si mal » ! En 1924, Henri Deglane
droit, fait un stage d’avoué à Lille pour ouvrir obtient la médaille d’or. En 1936, ce sera le
une étude à Avesnes ; c’est dans cette ville tour d’Émile Poilevé. Avec Charles Pacôme,
qu’il fera toute sa carrière professionnelle il y a là trois des quatre lutteurs français qui
jusqu’en 1965. Une étude qui, dit-on, est l’une ont eu ce titre suprême. En fait, ce sont les
des meilleures de la région. IL fut pendant 17 sports de force qui se portent bien. Ainsi,
ans conseiller municipal de cette même ville ! l’haltérophilie avec Ernest Cadine, champion
IL reste au contact de la lutte de haut niveau. olympique à Anvers (1920) et Charles Rigoulot
Ainsi, à 34 ans, il envisage de défendre son à Paris (1924), surnommé « l’homme le
14 ►Sports Région Hauts de France n°17