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SPORTS RÉGION HAUTS DE FRANCE  REGARD SUR ...

                               UN, DEUX, TROIS… SOLEIL !

                                                                                  Lutte libre :
                                                                                  Charles Pacôme
                                                                                  trois participations
                                                                                  aux Jeux; la
                                                                                  dernière fut la
                                                                                  bonne !

                               La Région des Hauts de France peut                 titre olympique aux Jeux de Berlin (1936).        plus fort du monde ». Le 1er entamera une
                               s’enorgueillir d’un champion olympique             « C’était sans compter sur l’attitude de ses      carrière de music-hall à partir d’exercices
                               d’exception ! Charles Pacôme (1903/1978), un       pairs : si la corporation des avoués s’honorait   de force ; le second deviendra catcheur puis
                               homme d’exception pour avoir participé à trois     d’avoir parmi elle un champion olympique, elle    promoteur de spectacles comme le sera
                               olympiades, gagné deux médailles, dont une         n’appréciait que modérément la médiatisation      Henri Deglane. Haltérophilie et lutte, deux
                               en or, et su conjuguer trois passions : la lutte,  dont il faisait l’objet, ainsi que le possible    disciplines cousines qui évoluent vers la
                               le travail, la musique.                            mélanges des genres. Poliment, mais               spectacularisation et le professionnalisme.
                                                                                  fermement, les autorités de la profession         Charles Pacôme n’est « pas de ceux-là ».
                               Un « sacré bonhomme » !                            s’opposèrent donc à ce que Maître Pacôme ne       Certes, des raisons objectives contribuent à un
                                                                                  tente de reconquérir son titre » 1. La déception  tel démarquage. Son activité professionnelle
                               Un sacré lutteur : 17 fois champion de France,     dut être d’autant plus amère que le titre fut     y est pour beaucoup : il n’a pas besoin
                               8 fois champion d’Europe et même champion          remporté par Karpati, qu’il avait battu en        d’argent… L’explication est aussi ailleurs : il
                               de Turquie toute catégorie (1923). Un lutteur      finale à Los Angeles !                            se singularise pour son dévouement sportif.
                               sacré aux Jeux de Los Angeles (1932), mais         Un sacré musicien : en même temps que             Ainsi, il devient entraîneur de plusieurs clubs,
                               qui avait été sévèrement sanctionné dans les       ses études de droit, il entreprend des études     leur apporte son concours (arbitrage), assume
                               éditions olympiques précédentes. Ainsi, aux        de musique jusqu’à obtenir le 1er prix de violon  des fonctions de président du Club de Lutte
                               Jeux de Paris (1924) il prit le meilleur sur le    du conservatoire de Lille ! Le violon, mais       Lillois (à la suite de son père), de président de
                               Finlandais Eino Leino, champion olympique en       aussi la trompette. Jeune homme, au temps         la section du Nord de la Fédération Française
                               titre, mais doit abandonner à la suite d’une       du cinéma muet, il accompagne les séances
                               blessure. Aux Jeux d’Amsterdam (1928), il          au sein d’orchestres lillois. Il se produit pour
                               rencontre en finale l’Estonien Osvald Kapp         Radio-PTT-Nord dans l’entre-deux-guerres.
                               qui remporte le titre suprême à la suite d’une     Musicien émérite, Charles Pacôme était le
                               décision particulièrement contestée. « La dure     président du Cercle symphonique d’Avesnes.
                               loi du sport » direz-vous… L’ironie du sort,
                               c’est que quatre ans plus tard à Los Angeles       Un « sacré bonhomme » mais un
                               (1932) notre champion rencontre ce même            « homme… singulier » !
                               Kapp au 1er tour ; un match revanche ou vécu
                               comme tel et… gagné ! On connaît la suite…         Un homme singulier dans son rapport
                               Un sacré « bosseur ». Parallèlement à sa           à la lutte. À cette époque, la lutte ne se
                               carrière sportive, il poursuit des études de       porte « pas si mal » ! En 1924, Henri Deglane
                               droit, fait un stage d’avoué à Lille pour ouvrir   obtient la médaille d’or. En 1936, ce sera le
                               une étude à Avesnes ; c’est dans cette ville       tour d’Émile Poilevé. Avec Charles Pacôme,
                               qu’il fera toute sa carrière professionnelle       il y a là trois des quatre lutteurs français qui
                               jusqu’en 1965. Une étude qui, dit-on, est l’une    ont eu ce titre suprême. En fait, ce sont les
                               des meilleures de la région. IL fut pendant 17     sports de force qui se portent bien. Ainsi,
                               ans conseiller municipal de cette même ville !     l’haltérophilie avec Ernest Cadine, champion
                               IL reste au contact de la lutte de haut niveau.    olympique à Anvers (1920) et Charles Rigoulot
                               Ainsi, à 34 ans, il envisage de défendre son       à Paris (1924), surnommé « l’homme le

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